Sobriété et efficacité énergétique : Pistes et stratégies pour réduire la facture énergétique des bâtiments tertiaires
Pourquoi réduire les consommations ?
Plusieurs arguments plaident en faveur d’une stratégie de réduction des consommations :
- Économies financières : Moins consommer, c’est réduire directement ses charges,
- Diminution de sa dépendance aux énergies et limitation de l’impact d’éventuelles hausses brutales du prix de l’énergie (cf crise de 2022),
- Confort et qualité de vie au travail (QVT) : Des locaux bien régulés thermiquement améliorant les conditions de travail et diminuant les tensions sociales,
- Conformité réglementaire : Respecter des obligations comme le décret tertiaire,
- Image responsable : Une démarche proactive renforce la réputation de l’entreprise et sa marque employeur.
Par où commencer ?
Avant d’envisager tout investissement, il est nécessaire d’adapter la consommation d’énergie aux besoins réels en remettant en question chaque usage énergétique. Il s’agit de se poser les bonnes questions : pourquoi consommons-nous ? Est-ce indispensable ? Existe-t-il des alternatives moins énergivores ? En particulier, ces questions se posent lorsque le bâtiment n’est pas occupé : il peut être pertinent de faire une expérience originale mais efficace : dormir une nuit dans le bâtiment en question pour constater les équipements qui consomment sans utilité !
Ces réflexions permettent de réduire ce que l’on appelle le « talon énergétique » : la consommation incompressible d’un bâtiment, même lorsqu’il est inoccupé. Il faut s’assurer d’avoir la maîtrise du pilotage des installations, tant du point de vue technique qu’organisationnel pour pouvoir facilement mettre en œuvre des actions simples :
- Régler les programmations horaires pour le chauffage et l’éclairage intérieur et extérieur,
- Installer et régler correctement des détecteurs de mouvement dans les circulations,
- S’interroger sur l’utilisation réelle d’équipements énergivores, comme les ventilations ou les machines laissées en marche en permanence.
Il est également indispensable de pouvoir mesurer les consommations afin de prioriser les actions, suivre les résultats et communiquer sur ceux-ci.
Améliorer l'efficacité énergétique : un investissement stratégique
Pour aller plus loin que ces premières actions de sobriété, il est nécessaire de travailler sur l’efficacité énergétique du bâtiment. La première étape consiste à réaliser un audit énergétique avec un Bureau d’étude, qui aide à comprendre où se trouvent les principales consommations : éclairage, chauffage, production de froid, etc. L’audit est indispensable pour identifier les sources d’économies et les prioriser. Les actions d’efficacité énergétique doivent se concentrer pour débuter sur l’enveloppe du bâtiment : réduire les déperditions thermiques grâce à une meilleure isolation. Attention cependant aux retours sur investissement parfois longs, notamment pour les menuiseries, et à l’impact carbone des matériaux. Les équipements qui consomment de l’énergie sont également une priorité pour réduire la consommation : il est nécessaire de se questionner sur la technologie de chauffage, de climatisation, de ventilation et d’envisager d’utiliser une source d’énergie renouvelable (bois énergie, géothermie). Installer des systèmes performants permet d’agir efficacement sur les consommations des principaux usages des bâtiments consommateurs d’énergie dans un tertiaire. Enfin, il est possible d’envisager la mise en place d’une récupération d’énergie afin de valoriser la chaleur fatale des équipements, par exemple les groupes froids, pour produire de l’eau chaude sanitaire. Nous abordons ici les actions pour les bâtiments tertiaires, mais il est également important de se questionner sur les consommations liées aux processus qui peuvent être bien plus importantes.
Pérenniser les économies
Pour garantir des résultats durables, le suivi des consommations d’énergie et le pilotage des installations est indispensable. Plusieurs niveaux peuvent être envisagés, du simple tableau à un système de gestion technique centralisée (GTC). Attention toutefois à bien adapter le système à l’entreprise : de nombreux retours d’expériences montrent des systèmes complexes de type GTC ou GTB qui ne sont pas utilisés et ne remplissent pas leurs fonctionnalités ! Le contrôle humain des équipements doit donc rester prioritaire, mais la technique est indispensable dans certains cas pour automatiser certaines actions. Le maintien des installations techniques est tout aussi crucial, en mettant en place un contrat de maintenance adapté. Enfin, l’implication des salariés joue également un rôle : sensibilisation, boîtes à idées et groupes de travail peuvent motiver à adopter des comportements responsables. Impliquer l’ensemble des salariés, donner du sens à cette démarche et en profiter pour améliorer la qualité de vie au travail sont des pistes pour favoriser cette commune dynamique.
Agir sur les contrats de fourniture d'énergie
Les factures d’électricité et de gaz naturel sont construites autour de deux facteurs principaux : le volume consommé (en kWh) et le prix de l’énergie. Une première étape essentielle pour réduire la facture énergétique de ses bâtiments tertiaires consiste à optimiser son contrat de fourniture d’énergie. Pour cela, il est nécessaire d’anticiper et d’acheter au bon moment : rester en veille pour surveiller les fluctuations des prix de gros et contracter sur plusieurs années pour éviter les hausses brutales. Il est également utile d’échanger régulièrement avec son fournisseur d’énergie pour adapter son contrat à ses besoins et l’ajuster pour réaliser des économies immédiates et sans investissement. La puissance souscrite est un des paramètres principaux à vérifier. Mais ces ajustements ne suffisent pas. La réduction des consommations d’énergie constitue un levier tout aussi indispensable.
Une réglementation incitative
Le dispositif Éco énergie tertiaire (ou décret tertiaire) est la principale obligation concernant la réduction des consommations d’énergie des bâtiments tertiaires : obligation, pour les bâtiments tertiaires de plus de 1000 m², de déclarer annuellement les consommations d’énergie et de les réduire de manière importante (-40 % d’ici 2030 puis -60 % en 2050). Le décret BACS (Building Automation and Control System) concerne les bâtiments dont la puissance CVC (Chauffage, Ventilation, Climatisation) est supérieure à 290 kW (seuil abaissé à 70 kW en 2027). Il impose la mise en place d’un système automatisé de suivi des consommations, de pilotage et de contrôle des équipements. Certaines entreprises ont également l’obligation réglementaire de réaliser un audit énergétique. Enfin, les fluides frigorigènes permettant le fonctionnement des équipements de froid (climatisations, frigo, vitrines réfrigérées) font l’objet d’une réglementation spécifique (FGAS) et les plus impactants en termes de réchauffement climatique sont progressivement interdits.
Soutiens financiers et aides disponibles
Bien que les subventions soient limitées, plusieurs dispositifs peuvent soutenir les entreprises : les certificats d’économies d’énergie sont une source de financement intéressante. Le fonds chaleur permet également d’obtenir des aides pour des projets utilisant des énergies renouvelables ou la récupération de chaleur. Enfin, certains appels à projets régionaux permettent l’accompagnement des maîtres d’ouvrage principalement dans la construction de bâtiments innovants.